Vous êtes l’un des quatre personnages qui se croisent dans ce bureau enfumé de cigarette, parmi les dossiers qui s’entassent et menacent de crouler sous la criminalité locale. Ce tas-là, ce sont les meurtres et disparitions jamais résolus. Sur un tableau, les traits au marqueur, reliant des noms du grand banditisme, se croisent pour former une véritable toile d’araignée. Mais ce nom au centre, vous n’y toucherez jamais et vous le savez. Vous n’avez rien contre cette famille tentaculaire qui règne sur votre ville et organise ses moindres trafics, et pourtant vous poursuivez cette chimère, parce que c’est votre job. Vous êtes flic. Mais il y a flic et flic dans cet univers en demi-teintes ; vous êtes l’un des quatre présents ici, mais lequel ?
Lui, c’est l’enquêteur de terrain, qui a déjà vu les lieux des disparitions, interrogé les familles éplorées, essuyé les critiques sur l’inefficacité de son travail. Il a remonté des pistes douteuses, dans des fabriques de viande pour animaux où l’on avait entendu des cris étranges, au long du fleuve où les équipes légistes pratiquent des autopsies perplexes sur des corps non identifiables. Il s’accroche comme un bouledogue, mais sa vie privée en prend un coup, car rien n’aboutit. Peut-être à cause de lui, l’informateur. On sait qu’il est louche ; son look, trop proche des bandits qu’il fréquente ; son langage, forgé dans la rue ; et il y est entré, lui, dans ces lieux de perdition où tout se joue, il en est ressorti intact, mais à quel prix ? Ou plutôt, en échange de quel prix ? Ici, on voit la corruption partout, et on a raison.
Lui, le policier de base, a bien sa théorie : on prend les armes et on fait une descente, et hop, tout ce beau monde au tribunal ! mais c’est un nouveau, personne ne l’écoute. Il a encore ses belles illusions, sa petite vie de famille, c’est un bon gars. On attend qu’il chute, du côté de la déchéance physique, l’alcool, l’insomnie, les errances dans le froid glacial en quête de pistes imaginaires… ou morales, les pots-de-vin, les petits trafics de drogue, les yeux fermés sur la misère sociale ? Pour l’instant, il intervient avec autorité sur les lieux de bagarres, répond aux appels des sinistrés et relève les épaves dans la rue. Il y a du travail à abattre pour un cowboy solitaire. Il aimerait être un peu plus soutenu par ses collègues, mais qui ?
Pas lui, là-bas, qui boit son café à la fenêtre ; il lui fait peur. Lui, c’est celui qui fait fuir tout le monde quand il arrive à la cantine et veut raconter sa matinée. Il s’est spécialisé dans le trafic humain, c'est une encyclopédie de l'horreur sur pattes et ironiquement, il en est fier. Vous êtes l’un des quatre, ou peut-être une variante de l’un d’eux ; n’hésitez pas, Novoslav a besoin de vous !